Des musées pour faire des choses dedans

Si les études montrent que les musées réussissent à se libérer de leur image de temples austères, rédhibitoire pour certains, et laissent de moins en moins entrevoir l’idée d’une visite laborieuse, il arrive encore parfois qu’un coup de gueule médiatique, lancé par un parent ou un enseignant accompagnant des enfants, rapporte un accueil particulièrement mauvais de la part de ces institutions. Peut-être avez-vous déjà été dans ce cas, mal reçu ou mal à l’aise, écrasé par la rigidité du lieu et la surveillance de gardiens-médiateurs ? Peut-être avez-vous simplement visité un musée avec des enfants, des adolescents et ne saviez pas comment éveiller leur intérêt (ou le vôtre) ?

© Images Natives, pour le Musée des Beaux-Arts d'Agen


Heureusement, il existe de supers musées où bouger, jouer et s’amuser… est encouragé ! Outre son cadre architectural agréablement singulier et l’éclectisme de ses collections, l’intérêt du musée des Beaux-Arts d’Agen réside dans la capacité de la structure à faire de la visite un moment récréatif pour tous. Au début de l’année, le musée a tourné une nouvelle page avec la nomination de son nouveau conservateur, Adrien Enfedaque, tout en perpétuant le principe de convivialité qui l’anime depuis au moins 15 ans. 

Soucieux de poursuivre l’orientation numérique impulsée par la conservatrice précédente, le musée propose désormais dès son entrée des tablettes numériques (2€ par appareil et sur remise d’une pièce d’identité) qui accompagnent les visites avec des parcours thématiques. Aux cartels, s’ajoutent pour plus de 100 œuvres des QR codes qui délivrent des informations supplémentaires via de nombreuses ressources multimédias. 

Familles, adultes, adolescents, jeune public, scolaires : il y a des activités pour tous les âges et pour tous les goûts ! Dans la programmation se trouvent pêle-mêle chasses au trésor, visites contées, ateliers ludiques ou de pratique artistique classique, fête d’anniversaire au musée, escape games, rencontres avec des artistes, expositions spécifiques… Le tout avec des approches originales, qui s’attardent sur les détails et ont le souci de raconter des histoires. Résultat : plus qu'un simple observateur, le visiteur se projette dans l’univers de chacune des œuvre. En parallèle, le musée organise régulièrement des concours (photo, vidéo, devinette) et délivre sur sa page facebook officielle et sur celle, éducative, consacrée aux enfants (les « little »), des jeux et des anecdotes sur les pièces de ses collections.


© Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse


De son côté, le musée Saint-Raymond de Toulouse, consacré à l’archéologie et à la période Antique, réconcilie ceux qui s’étaient fâchés avec les vieilles pierres. Dès sa page de présentation, l’équipe montre qu’elle sait rester simple et ne manque pas d’humour. L'agenda de ce musée hyperactif, qui dispose pour les plus calmes d’un jardin et d’une buvette, est bien rempli, avec des actions à la fois inventives et variées. Les enfants et adolescents y sont particulièrement bienvenus et ont le choix entre ateliers mosaïque ou modelage décalés, contes, visites spécifiques, initiation à l’archéologie, énigmes, enquêtes et jeux de société. Ces animations, qui s’appuient sur les récits de la mythologie grecque et sur la vie quotidienne des Romains, sont régulièrement renouvelées. 

Les adultes ne sont pas en reste, avec plusieurs parcours guidés thématiques, des concerts et même une visite « pour ceux qui n’aiment pas les musées » ! Les visiteurs tous âges confondus sont également invités à reproduire les poses et grimaces des personnages représentés sur les pièces du musée, ainsi qu’à toucher certaines œuvres imprimées en 3D. Une table numérique permet enfin d’examiner la collection de monnaies anciennes sous toutes les coutures.

Le point commun de ces musées ? On s’y sent bien, et pour cause : tous deux ont signé la charte élaborée par Môm’Art, une association dédiée à l’accueil et aux actions à destination des familles dans les structures culturelles. Officiellement établis « musées joyeux », le musée Saint-Raymond et le musée des Beaux-Arts d’Agen s’engagent sur une dizaine de points, notamment à promouvoir la culture pour tous et les échanges intergénérationnels. Si les enfants y ont une place toute particulière, la force de ces deux musées est qu’ils ont compris qu’il n’y a pas que la jeunesse qui soit réceptive au jeu. Egalement, leur approche toute en pédagogie et délicatesse, comme lorsque le musée agenais choisit de placer des chardons séchés sur le mobilier exposé, trop fragile pour que l’on s’y assoie. Alors oui, l’éclairage, l’accessibilité physique, la scénographie sont parfois à revoir. Mais on ne peut que saluer l’important travail de médiation qui prône un rapport plus simple et plus intime avec les œuvres et les structures qui les hébergent, réalisé malgré une absence certaine de moyens. De quoi définitivement abolir les idées reçues !



Les musées où il faut s’arrêter de respirer pour éviter de s’attirer les foudres du personnel, ce sera bientôt de l’histoire ancienne ! Parce que les musées sont vivants et leur public aussi, focus sur deux structures qui stimulent l’imagination et encouragent le rire.


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